dimanche 23 octobre 2016

Apparemment des catégories



https://www.youtube.com/watch?v=JwO8o9E9yV0

il m'a dit,
les patrons hypocrites sont sûrement mandatés par les lobbys pharmaceutiques pour que nous consommions des anxiolytiques à la pelle - bout à bout j'ai le cerveau en bouillie de bouillir sans rien dire il a rajouté,
viol moral insidieux, à chaque jour suffit son pénible salaire
à rester bloqué dans cette rhétorique rasant long les murs
cette petite technique rhétorique de petite vie en bureau - 

ta petite vie, la mienne, celle des autres, toutes en fait, des codes-barres à la con. tu vois le délire, on est juste des numéros de sécu, des zéros qui s'ajoutent à d'autres zéros et ça fait du peuple. alors les mecs se comportent comme des chefs parce qu'il faut que ça aille droit et y'a du monde à gérer, faudrait pas que ça vire à l'émeute. et c'est quoi le quotidien quand tu bosses ? tu t'en prends plein la gueule. j'en pouvais plus de ça mon pote, je te jure, je n'en pouvais plus.

(...).

samedi 15 octobre 2016

Babylon MMORPG (2)

(...)

// RV activée
// Interfaçage Neuronal en cours
Niveau 3

https://www.youtube.com/watch?v=098w_DG8JoI&list=PLTLWlUmI9rlWn6JDfoj6Deq2PVQQyMP6h&index=38

Il fait froid et humide, comme toujours depuis le début du jeu mais c'est peut-être pire aujourd'hui. Septembre explosé dans la lave industrielle. Le décor sombre, le ciel bas, les cumulus verts bouteille, oxydés. Les boulevards encombrés, le bruit sourd et continu des voitures roulant au pas. Les énormes néons fluos des enseignes verticales. 
Une pluie sournoise, gelée et acide me troue le cou. Capuche. Les gouttes glacées, effilées, strient la rue de lames vertes qui éclairent les flaques entre les trottoirs mécaniques bondés. Les escalators horizontaux chargés de salarymen roulent dans toutes les directions. C'est l'heure de pointe à Babylone.
Les chemtrails en blue-ray illuminent les contours métalliques de la mégalopole en 3D. Tout va très vite. La ville en plein rush fin de journée. L'affluence. Tu vois des attachés cases brouillés, des costumes, des tailleurs, des pixels gris hyperactifs qui se déversent, qui débordent dans les rues. Dans tous les sens. Des flux qui se croisent tous azimuts. Qui se traversent. Sans cesse. Turbulence urbaine. Tu entends de la musique. Des portables qui sonnent. Des cris. Des bips. Des bouts de phrases. Des coups de frein. Des klaxons. Une sirène se rapproche. Des gyrophares. Septembre asperge sa laque diffuse.  
Je marche là-dedans.

Pour l'instant, les cheats codes sont inactifs, je suis donc soumis à la simulation commune permanente. J’ai lu quelque part que le début était calme pour s’habituer. S’immerger.

Je marche. Je m'éloigne du centre névralgique. La Ville répond à un schéma assez classique, concentrique. C’est un damier logarythmique, genre de labyrinthe sous globe, un quadrillage implaccable de caméras. Les megapixels de surveillance tracent chaque recoin et suivent chaque citoyen de la Ville. Mais il existe quelques petites rues plus calmes. Des coins où tu peux éviter les caméras. C’est la zone légale, le 5 % admis sans surveillance vidéo. La loi s’y applique pourtant. Comme partout ailleurs dans le jeu. Mais c’est assez tranquille pour taguer et faire du créd.

La nuit déjà. Sample d'une sirène au loin. Shhh… Je recouvre vite, clac clac, l’intérieur des lettres sur le mur devant moi. Chuintement du spray. L’odeur de solvants. Zone d’explosion 0. Le froid. La vapeur trouble qui s’échappe de ma bouche.
Je fume. Je fume en graffant, en grattant les briques sombres. La perception n’existe que par l’esprit. Connections neurogéniques directes. La clarté de la lune. L’ombre de mon bras. Le bruit de la bille en acier dans la bombe. Ma capuche. Mon ombre à capuche. Le goût de l’herbe. Slogans on the walls. Tout est bien réel. Je graffe.
Babylone en mode nocturne. Des bruits dans la rue mais rien d'identifiable. Du flou. De l'ambigu. Du potentiel. Tout peut arriver. Tac-tac-tac, shhh. Prendre mon temps. Laque by night dans les connectiques, le nocturne flottant entre les auréoles sodium et les flaques roses. Pour l’instant, personne dans la rue. Laque septembre. Laque système.
Une sirène quelque part.
Lumière réverbère.

(...)

mardi 4 octobre 2016

Matrix City Blues (2)


https://www.youtube.com/watch?v=ZGH2pZgAMOA&list=PLTLWlUmI9rlVi8XWWNGBsSgh2Bsswpi7t&index=2

Ça avait commencé comme ça. Sur un solo de guitare.
Tu étais partie dans l’obscurité bleue du bar nous commander à boire.
On venait de danser, on voulait se parler, on avait soif. Je t’ai suivie du regard entre les silhouettes évanescentes jusque derrière le comptoir nous servir nos verres. J’étais assis sur une banquette en moleskine rouge. Tapez 1, tapez 2. Sauvez les candidats de votre choix tant qu’il est encore temps. Sous les spots infrarouges. Dans la fumée dense, et le blues. Ici. Là. Dans la virtualité de la nuit. Le whisky tourbé. L’écho du saxo qui rôde, instable. Les mêmes bandes crackées qui explosent les murs.
Repeat. Tapez 1, tapez 2. Sauvez les candidats de votre choix tant qu’ils sont encore là. Bruits des voix éthérées mélangées en boucle. Ambiance bar de nuit. Une taffe.
Tu étais revenue avec les boissons sur un plateau et tu avais fait :
« Je travaille ici, tu sais ? »

Sur scène, une silhouette liquide se détoure en chantant Since I’ve been loving you juste en face du bar.
<< Viens. Approche-toi. Oui, à côté de moi.
On vient de danser. Tu viens de nous ramener les verres. On fume. Je bois avec toi, mon amour inconnu. Basses, voix et glaçons dans l'écho brisé. Les stroboscopes stridents éloignent et rayent les ombres qui dansent. Nous laissent seuls sur la moleskine. Tu es là. Au centre du bar. Connection. Attraction, vibrations, destin et tout le cirque de l’ocytocine. Riff de blues, guitares bleues derrière les fumigènes-électrophones. Taffe.
Mascarade enfumée. Dès qu’une ombre se ramène près de ma table, je crois que c’est toi, toi qui arrive avec notre plateau, toi qui vient poser tout ça sur la table et t’asseoir à côté de moi, toi qui m’envahit, toi. Le blues tu vois, je le sens comme si un 38 tonnes m’était passé dessus.  
Taffe.
Je buvais sans parvenir à redescendre, I’m about to lose my mind, hanté par des visions qui s’incarnaient et disparaissaient au fil de la musique. My worried mind. Souvenirs d'autres rêves. Toutes ces heures, tous ces soirs à nous parler, nous chuchoter. M'amènent là. En croix. Des images aux trousses. Tapez 1, tapez 2.
Tu avais fait :
« Je travaille ici, tu sais ? Mais je resterai pas longtemps. »

Dès le début, j’avais craint ton départ.
Je buvais. Je buvais un énième whisky sans parvenir à décoller. A articuler. Démonté. Défoncé. Démantibulé. Cassé. Eparpillé. Ensorcelé. Epris d’un rêve sans répit. Addict. Recyclant les mêmes souvenirs dans cette nuit en boucle, ce bar enfumé où tu n’étais plus qu’un hologramme capricieux. Queen of pain.
Syncope.

C’était mon premier verre avec toi. Bruits des voix mélangées en boucle. Ambiance bar de nuit. Tu avais allumé une cigarette, m’avais regardé et avais fait :
« Tu sais, je ne fais que passer dans le coin. »



(...)